Le Parlement européen a franchi une étape majeure ce jeudi en validant l’ajout de l’Algérie à la liste des pays tiers considérés comme présentant un risque élevé en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Cette décision, qui s’inscrit dans la politique de l’Union européenne visant à protéger son système financier, fait suite à une évaluation approfondie menée en collaboration avec le Groupe d’action financière (GAFI), l’organisme international de référence en matière de lutte contre la criminalité financière.
Concrètement, cette inscription signifie que toutes les institutions financières opérant dans l’Union européenne devront désormais appliquer des mesures de vigilance renforcée pour toute opération impliquant l’Algérie. Les contrôles seront plus stricts, tant pour les transferts de fonds que pour les investissements, ce qui pourrait compliquer les relations économiques et commerciales entre Alger et ses partenaires européens. Pour les entreprises algériennes, l’accès au financement international risque de devenir plus complexe, les banques européennes étant tenues de redoubler de prudence.
Cette décision intervient alors que l’Algérie avait déjà été placée sous surveillance accrue par le GAFI, qui avait relevé des « carences stratégiques » dans son dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Malgré un engagement politique pris par les autorités algériennes et la mise en place d’un plan d’action, les progrès réalisés n’ont pas suffi à rassurer les instances européennes. L’Algérie rejoint ainsi une liste qui comprend désormais d’autres pays africains comme l’Angola, la Côte d’Ivoire et le Kenya, mais aussi des États comme le Liban ou le Venezuela.
Du côté algérien, cette décision pourrait être perçue comme un revers diplomatique, alors que le pays cherche à renforcer son attractivité économique et à diversifier ses partenariats. Pour l’Union européenne, il s’agit d’un message clair adressé à tous ses partenaires : la transparence financière et la lutte contre la criminalité organisée demeurent des priorités absolues. Toutefois, certains observateurs pointent le risque de stigmatisation de pays en développement, qui peinent parfois à mettre en œuvre les réformes exigées dans des délais serrés.
L’Algérie devra désormais intensifier ses efforts pour se conformer aux standards internationaux et espérer, à terme, être retirée de cette liste noire. En attendant, les conséquences concrètes de cette inscription se feront sentir aussi bien dans les sphères financières que diplomatiques, avec un impact direct sur la perception du risque pays par les investisseurs étrangers.