Premier succès d'une thérapie génique CRISPR personnalisée sur un nourrisson atteint d'une maladie rare

Rédigé le 17/05/2025
L' Articlophile


Une avancée médicale majeure vient d'être réalisée aux États-Unis avec le traitement réussi d'un nourrisson par thérapie génique personnalisée. KJ Muldoon, né en août 2024, souffrait d'une mutation génétique potentiellement mortelle empêchant son foie de métaboliser l'ammoniac. "Cette maladie, qui touche un enfant sur 1,3 million, présente un taux de mortalité de 50% avant l'âge d'un an en l'absence de greffe hépatique", explique le Dr James Wilson du Children's Hospital of Philadelphia (CHOP).

Diagnostiqué à seulement 48 heures de vie avec un taux d'ammoniac dangereusement élevé de 1 356 µmol/L, le petit KJ nécessitait une intervention urgente. L'équipe médicale du CHOP a alors conçu en un temps record une thérapie innovante utilisant la technologie d'édition génétique CRISPR-Cas9. "Nous avons développé une approche d'édition de base permettant de corriger précisément la mutation spécifique de KJ sans couper l'ADN", détaille la Dr Jennifer Doudna, pionnière de CRISPR.

Le traitement, administré via des nanoparticules lipidiques ciblant le foie, a rapidement montré son efficacité. "Sept semaines après la première injection, le taux d'ammoniac s'est stabilisé à 45 µmol/L, permettant d'augmenter significativement l'apport protéique de KJ", indique le Dr David Liu du Broad Institute.

Cette réussite résulte d'une collaboration internationale impliquant 18 institutions académiques et 7 entreprises biotechnologiques. Le professeur Feng Zhang du MIT souligne : "Cette approche pourrait potentiellement traiter 90% des 7 000 maladies monogéniques rares identifiées à ce jour." Le coût du traitement, estimé à 800 000 dollars, reste comparable à celui d'une greffe hépatique.

Aujourd'hui âgé de 10 mois, KJ montre un développement normal, bien qu'une surveillance médicale étroite reste nécessaire. "Cette première mondiale ouvre la voie à une nouvelle ère de traitements personnalisés pour les maladies génétiques rares", conclut le Dr Timothy Yu du Boston Children's Hospital. Des essais sont déjà en cours pour adapter ce protocole à d'autres pathologies comme la drépanocytose et la mucoviscidose.