Dans sa demeure traditionnelle au cœur de la médina de Marrakech, Hamid Fardjad s'est éteint paisiblement dans son sommeil la nuit dernière. Cet artiste d'origine iranienne, qui avait choisi les ruelles ocres de notre ville comme refuge il y a plus de trente ans, laisse un vide immense dans le paysage culturel marrakchi.
Ses voisins de Bab Doukkala se souviennent d'un homme humble qui arpentait quotidiennement les derbs de la médina, s'arrêtant régulièrement pour échanger quelques mots avec les artisans et commerçants du quartier. "Il était devenu plus marrakchi que certains d'entre nous", confie Ahmed, propriétaire d'un petit café où Fardjad prenait son thé chaque matin.
L'École Supérieure des Arts Visuels, située à quelques pas de chez lui, était devenue sa deuxième maison. C'est là qu'il a formé toute une génération de cinéastes marocains. "Hamid connaissait chaque recoin de Marrakech, chaque lumière particulière qui traverse nos ruelles. Il nous apprenait à voir notre ville avec un regard nouveau", témoigne Karim, l'un de ses anciens étudiants.
Vincent Melilli, qui l'a côtoyé pendant des années à l'ESAV, se remémore avec émotion : "Il disait toujours que Marrakech l'avait choisi, pas l'inverse. Cette ville lui a offert une nouvelle vie, et en retour, il lui a consacré tout son art, toute sa passion."
Son dernier film, tourné entièrement dans les quartiers populaires de Marrakech avec ses étudiants, restera comme un testament de son amour pour la ville ocre. Même son rôle mémorable dans "Mimosas" d'Oliver Laxe, tourné dans nos montagnes de l'Atlas, témoignait de son attachement profond à la région.
Les habitants de la médina perdent aujourd'hui plus qu'un artiste - ils perdent un voisin, un ami, un véritable enfant de Marrakech qui, bien que né à des milliers de kilomètres, avait fait de nos murs ocres son unique patrie.