La publication d'un rapport officiel sur l'influence des Frères musulmans en France remet en lumière la présence de l'organisation dans l'Hexagone. Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, vient de dévoiler les conclusions de cette enquête initiée par son prédécesseur Gérald Darmanin au printemps 2024. Le document, élaboré par un ancien ambassadeur et un préfet avec l'appui des services de renseignement intérieur, révèle une stratégie d'influence inquiétante dans les secteurs de l'éducation, de l'enseignement supérieur et du sport. Il met particulièrement en garde contre une islamisation "par le bas" et l'émergence d'un "islamisme municipal".
Face à ces conclusions examinées lors d'un Conseil de défense à l'Élysée, Emmanuel Macron a immédiatement chargé son gouvernement d'élaborer une stratégie de contre-offensive, attendue pour juin. Le rapport pointe notamment le rôle des écoles confessionnelles, des "prédicateurs 2.0" sur les réseaux sociaux et des financements étrangers, notamment qataris. Cependant, plusieurs experts du domaine contestent cette approche. Corinne Torrekens, professeure en sciences politiques à l'Université libre de Bruxelles, y voit "une grille de lecture de type complotiste". Ces spécialistes soulignent que la propagation de l'islam radical en France emprunte aujourd'hui d'autres canaux que celui des Frères musulmans, une organisation qu'ils considèrent en déclin.